Et si on vous avait mal vendu le Portugal ?
Le Portugal est souvent présenté comme un eldorado pour les entrepreneurs. Fiscalité douce, démarches simplifiées, climat agréable ...
Le Portugal est souvent présenté comme un eldorado pour les entrepreneurs. Fiscalité douce, démarches simplifiées, climat agréable, qualité de vie et aides à la création : le storytelling est bien rôdé.
Mais comme souvent, la réalité ne suit pas toujours le récit. Derrière l’image d’un pays accueillant et dynamique, se cache un environnement économique avec ses limites, ses lenteurs, et ses codes bien particuliers.
Créer une entreprise au Portugal : ce qu’on vous dit et ce qu’on oublie de vous dire
Créer une entreprise au Portugal est faisable, mais croire que cela s’apparente à un pays de start-up ou à une terre d’opportunités pour projets innovants est une lecture naïve, voire dangereuse.
Voici ce qu’on oublie souvent de vous dire quand on parle “d’opportunité entrepreneuriale au Portugal”.
Oui, il existe des aides… mais pas pour tout le monde
Le programme Portugal 2030 par exemple, est souvent cité comme la grande opportunité de financement. Ce que l’on oublie de préciser, c’est qu’il s’agit d’un dispositif européen structuré, ultra-ciblé, réservé à des secteurs d’activité très précis :
Innovation industrielle,
R&D structurée,
Modernisation d’outils de production,
Internationalisation d’activités déjà établies.
Ces aides ne s’appliquent pas aux freelances, aux consultants, aux indépendants isolés, ni aux petites sociétés de services sans ancrage territorial ou projet de développement validé par un business plan solide.
Et surtout :
Les dossiers sont longs à constituer,
Les critères d’éligibilité sont rigoureux,
Le financement n’est jamais immédiat.
En clair : Portugal 2030 ne soutient pas un projet simplement “parce que vous vous installez”.
Il en va de même pour StartUp Portugal ou SIFIDE : ce sont des mécanismes techniques, réservés à des projets structurés, pas des aides automatiques à la création d’entreprise.
Le Portugal n’est pas une terre de start-up
On lit parfois que le Portugal est « le nouveau pays de l’innovation ». Lisbonne serait le « Berlin du sud »…
Mais la réalité est plus nuancée :
L’écosystème tech portugais est en construction, encore immature, et souvent auto-centré.
Le tissu entrepreneurial reste très traditionnel, orienté commerce, tourisme, bâtiment, industrie, beaucoup plus que technologie ou services digitaux.
Et surtout :
Les banques portugaises ne sont pas des banques d’investissement.
Elles :
Ne comprennent pas ce qu’est un pitch deck et son utilité,
Ne savent pas analyser pas un business model,
Refusent presque systématiquement les demandes de financement non adossées à des actifs concrets ou des garanties personnelles.
En clair :
Aucun financement pour un projet “from scratch”, même s’il est viable sur le papier.
Aucune culture du risque entrepreneurial, même modéré.
Le système bancaire portugais fonctionne encore à l’ancienne : on finance ce qui existe, pas ce qui pourrait exister.
Créer une entreprise ? Oui. La développer ? C’est une autre histoire.
Créer une entreprise au Portugal est en effet simple sur le papier :
Les démarches sont rapides,
L’administration relativement accessible,
Le système numérique bien avancé.
Mais une fois l’entreprise créée, les vraies difficultés commencent :
Ouverture de compte bancaire professionnel : Compliance obligatoire, suspicions, délais, blocages… même pour un capital social de base.
Crédit professionnel : quasiment inexistant, voire impossible si vous lancez votre activité sans un apport personnel solide — sans oublier que le montage qui vous sera proposé n’est pas conventionnel, il en est même risible.
TVA, comptabilité, sécurité sociale : un millefeuille administratif mal connu des primo-entrepreneurs étrangers.
Ajoutons à cela :
Une administration parfois contradictoire,
Des interprétations réglementaires variables selon les régions,
Et un environnement juridique qui demande une vraie anticipation, sous peine de blocages inattendus.
Le Portugal est un pays accessible, stable, agréable à vivre et oui, parfois favorable à certains projets bien structurés.
Mais ce n’est ni un eldorado, ni un pays de start-up, ni une terre de financement public automatique.
C’est un pays où l’on construit lentement, avec prudence, et sans filet. Et ceux qui y réussissent sont souvent ceux qui ont accepté, dès le départ, que la rigueur prime sur la spontanéité.
Créer, oui. Mais créer en connaissance de cause.
Et si vous ressentez le besoin de structurer votre projet avant de le lancer, ou de le sécuriser une fois lancé, je peux vous accompagner.
Je ne vous vends pas une vision idéalisée. Mon travail, c’est de vous aider à construire un projet viable, concret et durable.